Je sais que cela fait des siècles que ce concours est fini, mais je tiens à mettre ma légende... Ce n'est pas vraiment une légende pour le futur, mais plutôt une légende sur le passé, sur le monde d'Exyl...Enfin vous allez voir ^^
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Il n’y avait plus rien autour d’elle. Le silence pesait sur la plaine et le vent balayait paisiblement l’herbe verte…Verte tachées de rouge. Verte tachée de noir. Un noir d’encre, un noir d’ébène, un noir de cendre. Une fumée brulante s’élevait lentement de ces amas sombres qui furent autrefois des créatures, et encore plus loin dans le temps, des hommes…
Il ne restait de ces coriaces révolutionnaires qu’un tas de cendres fumantes qui dégageaient une odeur pestilentielle. Une odeur de mort, l’odeur du funeste destin.
Ses yeux s'illuminèrent d'une lueur dorée, ses pieds quittèrent doucement le sol torturé, souillé. Ses yeux n'étaient maintenant que soleil et or. Elle s'éleva au-dessus de ces mortels. Ses cheveux de nuit ondulaient autour d'elle, comme une auréole de ténèbres. Le vent l'habilla d'une robe aux replis infinis, blanche, immaculée, pure. Ses cheveux retombèrent avec souplesse sur ses épaules. Le noir de cendre sur le blanc de sa toge. Elle écarta lentement ses bras blancs comme le tissu du vent, qui ne faisaient qu'un avec la robe céleste. Ses lèvres de sang s'entrouvrir pour un souffle.
La fffin…
La fin du temps, la fin du vent, la fin des mers et des océans. Enfin, elle pouvait s'élever au-dessus de ces humains, si putrides, si misérables. La création de ce monde n'avait été qu'une fatale erreur... Ces créatures étaient indignes d'exister et leur monde non-plus. Elle monta de plus en plus, jusqu'à ce que cette pitoyable planète ne soit qu'une boule aux nuances floues. Elle leva sa main délicate au-dessus de cette aberration. Elle n'avait qu'à la fermer et c'en était fini de ses tracas. Mais elle hésita...
Une jeune fille à la robe flamboyante gambadait autour d'elle en lançant des exclamations de joie. Dans ses yeux noirs d'ébène brûlait une flamme innocente. Elle entendait à peine ses paroles...
Viens, on va aller cueillir des fraises. Viens, Maman !
Elle rouvrit les yeux, décidant d'en finir une fois pour toute. Ce monde devait disparaître de la mémoire céleste. Elle ne devait céder...
La fillette tirait sur sa main, la pressant jusqu'à un jardin aux fleurs aux couleurs d'aube. Elle souriait, riait, pressait sa main glacée de toutes ses forces. Ses dents blanches semblants plus rayonnantes que leur étoile à son zénith.
Allez, Maman adorée !
Elle regarda le monde qu'elle détestait tant. Elle vit le cœur de tous les hommes qu'elle avait méprisés, haïs. Elle voyait leurs âmes noircies par la cendre de toutes les vies qu’ils avaient consumées. Elle vit leurs incessants combats, leurs querelles pathétiques…Et cette guerre ancestrale entre démons et hommes, qui perdurait obstinée et idiote…Ils étaient tous indignes. Tous ?
La fillette croquait dans une fraise, son jus perlant sur sa peau plus foncée que la sienne.
-Je suis désolée pour ce petit fruit. Il a eu une bien courte vie...Est-ce nécessaire de tuer pour se nourrir ?
Ils n'étaient pas comme elle, ils massacraient sans pitié, sans honneur. Ils devaient connaître le trépas. Ils détestaient même leurs semblables...
Ses ongles rouges sangs se rapprochèrent encore plus de ce petit monde inconscient. Un monde qu’elle ne pouvait plus regarder, entendre, sentir...
Elle éclata de rire. Un rire scintillant dans le silence de matin, un doux tintement de diamant résonnant dans le lointain...
Les pointes de ses griffes effleuraient maintenant leurs vies bafouées...
-J’aime beaucoup ce monde. Tout est beau et resplendissant, tout est simple mais franc... Quoi que tu puisses me dire, Maman, je ne peux m’empêcher d’éprouver de la tendresse pour les humains...
De la tendresse...Avait-elle déjà ressenti pareil sentiment ? Son cœur glacé a-t-il put fondre par un matin d’été ? Jamais. Jamais, elle ne devait faiblir. Les émotions étaient le fardeau de l’humanité, pas d’elle.
-Maman, tu m’aimes n’est-ce pas ?
Elle l’adorait mais sans l’adorer. C’était sa fille céleste, c’était sa fille si injustement humaine...Penser à elle fut comme une douce lumière venant de quelque part sur cette terre qui venait réchauffer son cœur de givre.
Soudain, la lumière disparut. Elle devait se reprendre, ses hommes et femmes méritaient les pires tortures. Ses yeux s’embrasèrent d’une haine intense qui s’éteignit aussitôt. Un calme sadique s’installa en elle, petit à petit. Elle sourit, mais d’un sourire cruel. Une joie amère l’envahit.
Son tout premier sentiment fut une envie de vengeance, une envie tortionnaire. Elle était maîtresse et voulait en finir. D’un geste vif, elle ferma son poing.
Mais ses longs ongles se refermèrent sur sa propre main. Sa paume maintenant ensanglantée n’avait rien touché…Elle n’avait pas sentit l’effondrement du monde sous ses doigts, l’implosion, la fin…
Une petite fille courant dans un océan de nuage, nageant dans une voute céleste scintillante d’étoiles, fuyant, son monde adoré sous le bras, voulant le protéger de sa la colère de sa mère. Arrivée aux confins de cet univers qui n’en est pas un, la jeune et mignonne fillette chuchote ses mots à son monde si cher :
-Vas te cacher, petit monde. Je vais te protéger. Il ne faut pas que Maman te retrouve sinon, elle te détruira comme elle voulait le faire depuis longtemps.
Puis, la jeune demoiselle dissimula le monde dans une nappe de brouillard, dans le coin le plus éloigné de l’univers de sa mère, de l’univers de tous, celui de tous les habitants de tous mondes, l’espace intemporel ou sont logés tous les mondes qui vivent parallèlement…
La petite à la robe de feu descendit ensuite à la surface de la planète qu’elle chérissait. Elle se dirigea vers un grand temple de pierre lumineuse renvoyant milles reflets… Les étoiles du ciel nocturne semblaient se rassembler autour de ce lieu, comme une auréole sur le front d’un saint... La jeune déesse aux yeux de jais entra prestement et se dirigea vers le centre du bâtiment, ou flottait au-dessus d’un autel ouvragé un magnifique collier orné de milliers de diamants. Une douce lumière s’échappait du bijou divin. Les longs cheveux d’encre de l’innocente divinité se soulevèrent et ondoyèrent dans la brise et ses yeux de nuit se posèrent sur ce collier, qu’un rayon de lune faisait étinceler. Un murmure s’échappa de ses lèvres roses :
-C’est cette cascade de diamant qui causera ta perte, petit monde. C’est le lien qui unit tous les mondes, et qui les unit à ma mère…
Elle posa sa douce main sur le collier délicat et d’un geste vif, le fit éclater en morceaux. Les diamants se consumèrent dans le ciel, rajoutant des étoiles dans l’auréole sacrée… Le temple, sans raison d’être, s’écroula dans un fracas assourdissant. Lorsque la poussière retomba, il ne restait plus de trace de la robe incandescente de l’enfant ou de ses cheveux de cendre… Elle était retournée dans son univers…
Mais ses derniers mots, susurrés, restèrent à jamais imprégnés dans la brise :
-Adieu petit monde, adieu monde à jamais en exyl…