Le premier essai

Elle inspira un grand coup. Toute l'oxygène que ses poumons pouvaient contenir, elle l'aspira. Elle cligna sagement des yeux et s'avança tranquillement mais sûrement dans cette forêt calme et si apaisante: ça faisait tout drôle de se sentir entourée d'arbres.

Ses pas étaient légers et silencieux, cela laissait deviner son coté elfique, et la cape noire qui cachait sa tête et ses épaules montraient une ascendance vampire proche.

Tout ce qu'on pouvait entendre d'elle était sa respiration difficile à grands coups. Les feuilles mortes ne craquaient pas sous ses bottes en cuir.

Elle se pensait seule. Mais elle savait que toutes les végétaux et animaux autour d'elle la surveillait, ses moindres gestes. Et peut-être une créature intelligente se trouvait aussi dans les parages...

" Hoy! "

Il s'agissait plus d'un son que d'une parole... sur un ton sec mais qui semble émaner la gaieté... Dans la direction d'où venait le bruit, rien... puis soudainement un craquement de brindille derrière l'inconnue.

À moitié dans l'ombre se tenait un homme vêtu d'une grand habit ample blanc recouvert d'un habit légèrement moins grand noir... il fixait ses pieds l'air souriant, comme s'il n'avait pas fait exprès de briser cette brindille...

Il releva la tête quelques instants après envoyant du même coup la main à l'étrangère en guise de salutation... il abordait toujours le même sourire les yeux a peine entrouverts.

" eh... dites-moi, ce n'est pas ma présence qui rends l'air si lourd? "

Zweilaylù se retourna, observa quelques secondes l'individu dans les yeux et baissa sa tête.

"Euh...non...pourquoi dites-vous cela ?"

Un vent léger souffla dans la forêt et les feuilles des arbres bougèrent. Ce bruit était le plus apaisant du monde, selon Zwei.

Son visage ne changea point abordant toujours le même sourire, il porta sa main a sa tête frottant ses cheveux.

" Eh... aucune offense, simplement car comme vous, apparemment, j'évite les routes. "

Il fit quelques pas en rond d'une démarche raffinée, ses yeux restaient toujours clos, impossible d'y voir son regard. Il tituba sa tête vers la dame encore plus souriant...

" La raison de votre dérision... qu'elle est-elle?"

Zwei resta hébétée, incapable de prononcer une parole. Peur ou gêne ?

"Eh, c'est si calme la forêt ! L'énergie tranquille des arbres nous ensorcelle à chaque coup, n'est-ce pas ?"

Elle était un peu stressée, le contact sociaux, elle ne l'avait pas trop souvent.

"En passant, je suis Zweilaylù. Et vous ?"

Il regarda les arbres... l'énergie des arbres, il n'avait pas pensé à cela... La forêt lui servait simplement de refuge, il n'avait jamais cherché à la comprendre... il avait vécu dans les bois au moins cinq années, la forêt était son gîte. Il l'a regarda avec un air plutôt confus...

" zué.... laa-i.... hoy, quel nom! "

Il ne savait trop s'il voulais répondre à sa requête... son nom n'était même pas le sien après tout... Il préféra continuer à s'amuser. Il voyait bien qu'elle était un tantinet mal à l'aise par sa présence, il enchaina donc;

" Ce nom, de quelle origine est-il... si vous n'y voyez offense? "

Il mit ses mains derrière son dos la corps légèrement penché vers l'avant montrant son visage aux traits de renard dans un des filets de lumière...

" Hoy... une déesse comme mère adoptive... j'avoue n'y rien comprendre. "

Il sentit un intérêt grandir en lui pour cette personne, l'envie soudaine d'essayer de perturber cet esprit semi-divin... un nouvel objectif, un amusement temporaire...

" Donc, Zwa-hi... plus simple comme nom effectivement... Je ne peut m'empêcher de voir ce regard... "

Il fit une pause légère mais pesante, allons plonger au fond de cet être y rompre l'espérance. Il continua sa petite démarche se déplaçant lentement mais surement en cercle autour de Zwa-hi comme s'il s'agissait de sa proie...

" ... je le sent empli de haine, de regret... qu'elle est votre histoire... "

"J'avoue que cela peut-être compliqué. Toute l'histoire l'est. Avoir une déesse si proche de soi comme moi, ça peut devenir une véritable malédiction. On fait une faute, on en paie longtemps le prix, et on se fait finalement pardonné, on retrouve la vie qu'on avait avant. C'est...unique et bizarre à la fois."

Voilà un bon moment qu'elle se tenait face à face avec cet homme qui ne lui avait jamais encore dit son nom. Curieux...pensa-t-elle. Peut-être qu'il le déteste...ou qu'il n'en a tout simplement pas.

Se tenir face à face avec un intrus et lui parler...Zwei n'aurait surtout pas fait ça une semaine plus tôt ! Son masque de fer était une véritable carapace de ses sentiments. Carapace qui la cachait de toute l'humanité.

Il arrêta d'avancer, laissa ses bras tomber le long de son corps... son visage n'était pas dans la direction de celui de Zwa-hi, mais on pouvait clairement voir un sourire sinistre qui s'étendait sur tout son visage... Il bougea ses lèvres sans aucun son comme s'il chantonnait, puis il enchaina de façon audible...

" Que va-t-il se passer maintenant? Zwa-hi. "

Il resta planté là attendant visiblement la réponse de son interlocutrice...

Il pencha la tête à l'écoute de sa réplique... il riait intérieurement... Il porta sa main à sa tête cachant son visage...

"Tout change, tout. Enchaîné j'étais, libre comme le vent je file désormais...
vous-même, votre masque, votre vie, tout, en porte la marque. "

Il fit quelques pas vers l'arrière pour retourner dans l'ombre des arbres, puis il retira sa main en lâchant un rire.

" La douleur, elle, ne s'oublie pas..... hein? "

En entendant le terrible mot «douleur», Zwei replongea dans ses pensées, dans son passé sordide ou un simple masque et une malédiction (qu'elle ignorait à court terme) allait peut-être détruire son existence.

"La...douleur ne s'oublie pas...comme vous le dites."

Elle hocha longuement sa tête, les yeux dans le vide. Maintenant, elle comprenait pourquoi la déesse lunaire avait fait en sorte de la maintenir vivante. La leçon qu'elle avait eue devait la remettre dans le droit chemin.

Et elle l'était, à présent.

" Heh... et que faire pour supprimer cette douleur? "

Il fit une pause non pour attendre une réponse mais plutôt pour bien imprégner les mots et leur pesanteur dans l'esprit de Zwa-hi... Il voyait bien que ses propos ne laissaient son esprit béant...

" ... simplement, détruire, éradiquer la source de la douleur elle-même. "

Il porta sa main à sa tête grattant celle-ci comme s'il cherchait une solution quelconque, il s'arrêta après un moment puis poursuivit...

" ... donc, si la source de la douleur est en vous, le seul moyen est de tuer une partie de votre âme... "

Il siffla un rire étrange... Puis ouvrit les yeux légèrement quelques secondes...

" C'est le prix a payer pour la liberté. "

À force de se creuser les méninges face à un inconnu dans une forêt, Zwei avait mal à la tête.

"La douleur ! D'accord, elle fait mal, mais ce qui ne tue pas nous rend plus fort, je pense que passer par-dessus est un bon moyen d'éradiquer, comme vous l'avez dit, ce maux horrible. Vous ne croyez pas ?"

" ... "

Il se contenta d'afficher un visage désapprobateur, il aurait du se contenter de pardonner les hommes pour ce qu'il lui avaient fait? Passer par dessus l'assassina de sa famille entière? Tous ceux qu'il chérissait? Impossible! Simplement impensable... jamais il ne pourrait leur pardonner ces 15 années de souffrances et tourments...

Il resta immobile, sans réponse.

Il s'exaspéra de l'esprit libre devant lui cependant il trouva dans la réponse de la dame une certaine pointe qui ranima son intérêt quelque peu... quelque chose au fond de cette âme de plus profond et plus complexe... allait-il creuser à la source... extirper l'information vitale enfouie dans cette cage de chair... de force, ou d'une méthode plus tordue... que d'envies.

" Aa... ya, certes. Pour moi, cette affirmation en vaut bien plus qu'elle n'en dit... "

Sur son visage réapparu une sourire cachant de sombres intentions. bien sûr il se voulait charismatique... pesant ses mots, la démarche fine et légère, sa voix, cependant, tel un sifflement de vipères. Sa bouche ouvra longuement dévoilant sa mâchoire, il inspira s'apprêtant à envouter du dialogue..

" Aye... chaque est libre de penser selon sa moralité, ses connaissances... sauf si... Heh.......... "

Il fit une légère pause stoppant sa démarche. Il baissa progressivement sa main jusqu'à la garde de son arme... Il l'empoigna finement, puis, dégaina avec lenteur et délicatesse, comme si ses actes étaient partie intégrante de son dialogue... Il tenait l'arme devant lui au niveau de son torse, caressant du bout des doigts la lame.

" Par la force on l'oblige à croire autre affirmation... c'est alors que l'âme se fragmente....... Niiiiiiiih... "

Il lâcha l'arme d'un mouvement rapide du poignet et celle-ci se planta dans le sol... Il regarda l'arme cesser tout mouvement toujours le même sourire plaqué sur son minois...

" Lorsqu'il ne reste plus rien a fragmenter... l'âme se meurt peu à peu, puis... l'être n'existe plus... "

Il remonta son visage vers celui de Zweilaylù lui tendant du même coup ouvertement la main...

[Dsl pour le long post... ]

[ah non c'est pas grave !!]
Zweilaylù avait écouté, vu, ressentit les moindres gestes et paroles de Nak. Elle comprenait.

"C'est ça..." dit-elle. "On doit s'écouter, nous, et jamais autre que nous..."

Elle repensa à l'épée plantée dans le sol; qui représentait l'âme brisée, fragmentée, perdue à jamais dans un néant incertain.

Son sourire bien placé sur la largeur de son minois;

" Et le sifflement au fond de votre crane lui? "

Zwei fronça les sourcils et se concentra. Oui, il avait bel et bien un lointain sifflement cristallin qui résonnait entre les parois de son crâne.

"Oui," dit-elle "Il y a un sifflement, mais il ne dit rien. Que peut-on entendre et écouter d'un sifflement, dites-moi ?"

Son interlocuteur faisait-il donc un genre de télépathie ? Dans ce cas, Zwei allait jouer cette même carte car elle avait elle-aussi de très grands dons, mais elle ne les utilisait jamais.

Il pencha sa tête sur le côté...

" Ce que l'on peut entendre... presque rien... mais c'est enivrant... je les laisse guider mes sens... guider mon être... ils amusent mon existence... "

Il n'avait aucun pouvoir de télépathie... il n'agissait que par suggestion, s'infiltrant dans l'esprit des gens a travers ses mots et ceux des victimes... il ne pouvait y parvenir que si la personne était déstabiliser par ses propos... son jeu consistait à confondre et plonger dans l'insécurité. Cependant, avec le temps et l'entrainement à se jeu, il s'est développé une défense contre les attaques psychiques afin de ne pas tomber dans piège similaire à ceux qu'il s'amuse à créer... ( en gros télépathie et sondage d'esprit pas efficace contre lui... on ne peut lire ses pensées )

Puis il regarda le sommet des arbres... le regard étrange, ouvra la bouche pour y laisser couleur quelques mots tout bas...

" Ces sifflements................ représentent tout ce qui est mesquin... en nous... "

"Ah bon !"

Zwei, qui s'était entre-temps assise sur un tronc d'arbre, se leva soudainement.

"Bon, la nuit arrive bientôt et je n'ai pas tellement envie de rester ici pendant le temps des ténèbres."

Elle épousseta sa grande jube blanche qui n'était presque pas salie.

" Aww..... dommage... j'ai bien aimé discuter, mais je doit continuer ma route aussi... "

Il fit quelque pas vers son arme toujours plantée au même endroit puis la retira du sol, nettoyant par la suite la terre restée collée sur la pointe de l'arme, puis, il la rangea dans son fourreau. Il continua à avancer dans l'ombre des arbres jusqu'à ce qu'il disparaisse complètement

Elle regarda quelques minutes Nak partir dans l'ombre, à l'aide de son oeil blanc, puis tourna les talons et sombra elle-aussi dans les ténèbres qui l'enveloppaient comme une lourde couette de lit.

Elle n'avait pas peur, la Nature et la Lune veilleraient bientôt sur elle et sur ses rêves, jusqu'à l'aube.