Besoin de tuer

Son regard glissa sur les terres désertées, mais ne croisa rien de bien intéressant. Une impression de mort régnait et l'ambiance lui plaisait bien. Elle pouvait presque sentir la présence d'esprits. Des ombres semblait se mouvoir devant elle, mais elle ne pouvait dire si c'était son imagination qui lui jouait des tours, ou si elle apercevait vraiment les morts.

*Sûrement un effet de ma capacité à voir la mort des gens... Je ne pensais pas que ça avait cet effet...*

Gwaennea regarda de nouveau les plaines. Un besoin de tuer la tenaillait, mais elle n'arrivait pas à trouver une proie. Elle décida d'avancer dans les champs de bataille, se disant qu'elle finirait bien par trouver de la vie. Elle avait tellement hâte de croiser le chemin de quelqu'un qu'elle tremblait d'impatience.

*Voilà qui ne me ressemble pas... Et pourquoi est-ce que je me mets à me parler à moi-même? Je n'ai pourtant jamais fait ça...*

Elle fronça les sourcils. Son regard croisa soudainement un tronc d'arbre mort. Un large sourire s'étendit sur son visage. La mort rôdait définitivement ici depuis bien longtemps... Et elle trouverait le moyen d'abreuver sa soif de tuer...

Sylma Halya-Kalina-des-montagnes marchait dans la plaine, à moitié emportée dans ses réflexions macabres. Un vent lourd de remord faisait onduler les pans de ses vêtements, sifflant les derniers cris d'agonie des soldats morts au combat. Cette terre était à jamais souillée, dévastée par la faucheuse. Combien de braves étaient-ils tombés ici depuis le commencement des temps ? Combien d'hommes purs connurent un dernier spasme de douleur secouer leur corps déchiré avant de sombrer dans le néant sans aucune autre forme de procès ?

Tout ici puait l'injustice. L'air, la terre et le sang séché qui craquait sous ses pas. Une perle de sang glissa sur le menton de la jeune femme, mais elle continua à se mordre rageusement la lèvre. Ses yeux jaunes flamboyait d'une haine fanatique. Elle ne pouvait rien faire pour faire régner la sainte justice. Personne, il n'y avait personne aux alentours qui aurait pu payer pour les morts de ces milliers d'innocents.

Sylma ressentit son impuissance comme un affront à son honneur, celui qui, chaque seconde de sa vie, lui dictait de faire trépasser sans aucune pitié et avec le plus de souffrance que possible les hérétiques, ces êtres inférieurs qui osaient commettre des actes vils et contraire à son sens moral. C'était à elle de choisir qui méritait de vivre et qui devait connaître le martyr. Elle faisait triompher la justice. Elle ÉTAIT la justice.

L'atmosphère de ces lieues lui donnait définitivement l'irrésistible envie de faire saigner un hérétique. Le premier être malfaisait qui croiserait son chemin pourrait s'attendre à la craindre, elle, Sylma Halya-Kalina-des-montagnes, l'épée de la justice, plus que la mort elle-même. Son regard de loup parcourut la plaine de long en large. Son visage était totalement inexpressif, même si son sang noble bouillait dans ses veines comme de l'acier en fusion. Pourquoi ce tombeau à ciel ouvert était-il si désert ? Pourquoi n'y avait-il pas d'âme encore vivante qui pourrait satisfaire sa soif de justice, sa soif de sang impur ? Pourquoi la Lune toute puissante lui avait-elle enlevé le plaisir de condamner l'existence d'un hérétique ? Qu'avait-elle fait aux astres pour être là à marcher sans un bruit dans la lande perdue et silencieuse, sans pouvoir agir au nom de ses dieux ?

Ses pensées errèrent ainsi pendant de longues minutes, peut-être même des heures, qui sait ? Soudain, Sylma sentit que la Lune avait entendu ses plaintes et avait guidé, dans sa lumière blafarde et douce, les pas d'une âme égarée vers la lame aiguisée de son épée justicière. Si cette âme était celle d'un hérétique, elle allait s'y empaler, s'y écorcher et s'y purifier de ses crimes. Sylma se mit à observer le visiteur, ou plutôt la visiteuse. Elle semblait jeune, adolescente, plus jeune encore peut-être. Sylma avait toujours considéré les enfants comme les êtres les plus purs. Il n'y aurait pas de sang versé au nom de la justice cette fois-ci, songea-t-elle, déçue. Cependant, elle continua à scruter en direction de la jeune fille. C'était à se demander ce que pouvait bien faire une enfant seule dans ce champ de bataille ravagé par des siècles de massacres. Grâce à sa vision nocturne, Sylma remarqua que la fille avançait en regardant de tous les côtés, comme si elle était à la recherche de quelque chose. Sylma sentit un élan de pitié et de compassion pour ce petit bout de vie si vulnérable qui avait dû connaître l'injustice d'être séparée de ces parents, si tôt... Prise dans un tourbillon de souvenirs, Sylma ferma les yeux quelques instants. Cette enfant lui rappelait sa propre enfance qui justifiait tout ce qu'elle faisait maintenant, en tant que prêtresse, œuvrant pour la justice dont elle n'a pas pu bénéficier. Lorsqu'elle rouvrit les yeux et lança son regard vers la fillette , à peine plus d'une courte seconde plus tard, elle n'y était plus. Alertée, Sylma sortit vivement son bâton, ces pouvoirs de la lumière prêts à l'usage. Et elle avait un vive pressentiment de ce qui allait suivre.

Gwaennea s'était arrêtée depuis quelques secondes lorsqu'elle senti le regard de quelqu'un se poser sur elle. Ses yeus se tournèrent lentement vers la personne. Une femme aux cheveux noirs semblait pensive. Une certaine odeur demort flottait autour d'elle. Non pas comme si elle tuait par plaisir, mais tout de même. Elle ne pouvait déterminer son apparence dans la noirceur, mais elle ne semblait pas humaine. Gwaennea senti le vent souffler dans ses cheveux, doucement, et sourit. Comme elle se l'était dit, elle pourrait soulager son besoin de tuer.

La jeune humaine s'aperçu qu'elle n'avait pas de vision. Ce qui signifiait que la femme n'était pas sensée mourir aujourd'hui, pas tout de suite. Mais cela pouvait bien s'arranger. Elle vit la lune du coin de l'oeil. La pleine lune... Son sourire s'agrandit. Un large sourire cruel.

En une fraction de seconde, elle était partie de l'endroit où l'inconnue l'avait vue. Elle avait enfin sa nouvelle proie. Elle contourna rapidement la femme en l'observant. Gwaennea m'avait pas peur d'être découverte. Il aurait fallut que la personne ait vu sa propre mort pour deviner ce qui allait se produire... Elle avait donc tout le temps qu'elle voulait pour décider de comment elle allait agir.

La femme était plutôt grande, mais ce n'était pas un problème. Gwaennea était elle-même grande pour son âge. Et elle ne pensait pas que l'inconnue lui causerait de grands problèmes... Puis elle vit la femme sortir son baton. Elle du presque se forcer pour ne pas rire.

*Elle vient de s'apercevoir que je ne suis plus là... Alors allons-y par une de mes méthodes préférées...*

En quelques instant, elle fut derrière la jeune femme. Ses pas ne faisait pas de bruits. Gwaennea mit doucement et discrètement sa dague sous la gorge de la femme, et l'observa. Elle pu enfin savoir de qu'elle race elle était. Elle lui soufla doucement à l'oreille :

"Bonjour, très chère Nôtan... Enchantée de te connaître..."

Sylma sentit clairement la fraicheur de la lame sur sa gorge. Elle fut d'abord surprise, mais se reprit. Cependant, cela ne l'inquiétait pas beaucoup. Elle savait que, comme tous les Nôtans, elle ne pouvait mourir qu'à midi. Elle souffrirait, peut-être, sûrement, mais elle continuera à se battre. Il était impossible que ce coup lui fut fatal, même s'il pouvait la laisser dans un piteux état. Son visage demeura un masque impassible, et aucun frisson ne parcourut son corps. Sylma n'avait pas besoin de voir son assaillante pour deviner ses intentions. Elle voulait tuer par simple plaisir de regarder un être agonisant aux yeux révulsés par la douleur se tordre et s'éteindre dans un dernier soubresaut. La puanteur d'injustice qui flottait dans l'air vicié de la plaine s'identifiait parfaitement à la visiteuse. Cette fille était une hérétique. Cette enfant puant la tuerie et les massacres. Elle devait être anéantie. Tout de suite.

La Lune céleste était pleine : les astres étaient pleinement avec elle. Sylma adressa une rapide prière à l'astre d'ombre, invoquant la bénédiction de celle-ci pour le combat à venir. Sylma savait que cette ennemie n'était pas une hérétique ordinaire, qu'elle allait devoir se battre avec sérieux et sans sous-estimé son adversaire, mais elle savait aussi qu'elle allait gagner, car elle le devait. C'était son devoir. La Lune commença tout d'un coup à irradier plus crûment, comme une réponse.

La mystérieuse parla. Le ton de sa voix confirmait clairement son état d'esprit et ses intentions. Rapidement, Sylma dressa la liste de ce qu'elle avait pu deviner de cette visiteuse : Elle était jeune, humaine, avait une âme trop corrompue pour être sauvée, elle était extrêmement rapide et extrêmement silencieuse, elle aimait jouer avec ses victimes comme les chats avec leurs proies et, pour finir, elle pensait que la tuer ne saurait pas trop difficile. Elle était, ou se pensait tout du moins, en position de supériorité. Sylma haïssait ce genre de personne. Elle allait la prendre à son propre jeux : Pour contrer la vitesse, Sylma emploiera la vitesse.

Sylma se mit à sourire. Un petit rire cynique s'échappa de sa gorge. Mais elle n'était plus devant la jeune fille. Elle était maintenant dans le dos de celle-ci. Sa téléportation avait inversé les rôles : la prêtresse tenait maintenant fermement la main de la jeune fille qui tenait la dague d'une main et avait plaqué son bâton en travers du torse de l'enfant. À l'intérieur d'elle-même, Sylma se demandait sérieusement quel autre atout cette jeune fille cachait. Mais elle ne laissa pas paraître son inquiétude : elle devait jouer le jeu de son attaquante : le jeu de la supériorité. Toujours en souriant, Sylma chuchota donc à son oreille, avec douceur et gravité :

"Je vous retourne le bonjour, mademoiselle l'hérétique. Vous me voyiez désolé d'avoir à vous supprimer, mais je ne peux pas laisser vivre une âme aussi corrompue que vous par le plaisir de tuer."

Mais Sylma n'avait pas l'intention d'en finir là. Tout dans l'attitude de la jeune fille démontrait que le combat ne s'arrêterait pas là. La prêtresse attendait de découvrir toutes les facettes de sa visiteuse. Elle resserra encore un peu plus son étreinte.

[En passant, Gwaennea ne t'as pas fait de mal ^^]

Une vague surprise l'envahit lorsqu'elle s'aperçu que la Nôtan était rendue derrière elle et que les positions s'étaient inversées, mais celle-ci ne dura pas. Ce fut plutôt une joie intense qui domina ses émotions. Enfin quelqu'un qui pourrait lui donner du fil à retordre. Une proie qui en vallait vraiment la peine... Un large sourire s'étendit sur son visage. Décidément, cette journée lui apportait de bien agréables surprises en grandes quantités.

Un petit rire sortit de la bouche de Gwaennea. Tout petit, puis grandissant, jusqu'à résonner sur les champs de batailles déserts. Un rire froid et cruel. Le genre de rire que personne ne souhaite entendre dans sa vie. Un rire qui dura quelques longues secondes. Puis, plus rien. Un silence s'installa. Ce fut d'une voix presque vide d'émotion que Gwaennea dit :

"Mademoiselle l'hérétique? Et vous êtes désolée de devoir me supprimer? Ha ha ha! Tout ceci est bien drôle, chère Nôtan.., Avouez plutôt que vous êtes en manque de tuer, et que vous auriez facilement pu assassiner n'importe quelle personne sur votre chemin... Ha ha ha! Je sens que nous nous entendrons bien Nôtan... Enfin, pour le temps qu'il vous reste à vivre..."

Sa dernière phrase fut presque un murmure, mais elle savait pertinemment que l'inconnue l'avait entendue. Gwaennea leva sa main gauche et l'approcha lentement de la lame de sa dague, afin que la Nôtan puisse voir ce qui allait se produire. La pointe de la lame fit une petite marque au centre de sa paume, et une goute de sang coula doucementle long de son poignet.

"Regarde bien, Nôtan. Et comprend bien que tu ne me fais pas peur. Je ne ressent pas la moindre peur..."

La lame s'enfonça doucement, jusqu'à apparaître de l'autre côté de la main de l'humaine. Le sang ruissela sur la lame de la dague. Gwaennea retira sa main aussi lentement qu'elle l'avait approchée. Le sang se mit à couler doucement de la plaie. Pas le moindre son n'était sortit de la bouche de Gwaennea. Pas le moindre férmissement ne l'avait parcourut. Pas la moindre larme de douleur n'avait coulé sur ses joues. À croire qu'elle était tout à fait indifférente de ce qui venait de se produire, ce qui n'était pas tout à fait le cas. Non, en effet, une grande joie mjorbide l'envahissait. Non pas parce qu'elle ressentait du plaisir à se faire du mal, mais qu'elle pouvait facilement deviner la réaction de la Nôtan, même si elle ne pouvait la voir.

Mais Gwaennea ne s'arrêta pas là. Elle approcha doucement la dague de sa bouche et lècha le sang sur la lame. Puis, elle se remit à rire. De ce même rire qui la déffinissait si bien. L'humaine s'arrêta de rire soudainement, et dit :

"Maintenant, comprends-tu un peu plus à qui tu as affaire? Je l'espère bien... Parce que je n'aime pas jouer avec des proies ignorantes..."

Le rire de l'hérétique sonna comme de la glace aux oreilles de Sylma. Cet éclat avait en lui quelque chose de malsain, de malfaisant, qui le rendait désagréable à entendre. Mais ce ne fut pas de la peur que la nôtan ressentit, mais un profond sentiment de dégoût. Tout en cet être immonde la rebutait : ses yeux, fenêtres ouvertes sur son âme perverse, sa bouche, dessinant un sourire cruel et froid, son attitude supérieure qui la narguait comme si elle n'était qu'une proie entre d'autres. Même si elle n'éprouvait plus aucun plaisir à l'idée de la tuer, Sylma se mit à sourire.

"Mademoiselle l'hérétique? Et vous êtes désolée de devoir me supprimer? Ha ha ha! Tout ceci est bien drôle, chère Nôtan.., Avouez plutôt que vous êtes en manque de tuer, et que vous auriez facilement pu assassiner n'importe quelle personne sur votre chemin... Ha ha ha! Je sens que nous nous entendrons bien Nôtan... Enfin, pour le temps qu'il vous reste à vivre..."

La jeune femme écouta cette tirade sans broncher, analysant toutes ces paroles avec minutie. Toujours sans arrêter de sourire pour camoufler l'envie de vomir que lui causait la vue de son ennemie, la prêtresse répondit d'une voix chuchotante, mais dont toute douceur s'était évanouie : "Tout le monde n'a pas l'esprit aussi perverti que vous, mademoiselle. Heureusement d'ailleurs, sinon je serais surchargée, vous comprenez ? Cela dit, je doute fortement que nous puissions nous entendre, toutes les deux. Vous êtes le Crime, je suis la Justice. Je remets de l'ordre là ou vous semez le chaos. Dans d'autres circonstances peut-être..."

Sa voix s'effaça dans le silence. Son sourire grandit un peu, elle attendait la réaction de son ennemie. Après, elle aviserait.

"Regarde bien, Nôtan. Et comprend bien que tu ne me fais pas peur. Je ne ressents pas la moindre peur..."

Sylma vit la jeune fille planter graduellement sa dague dans sa main, jusqu'à ce que la lame traverse complètement la paume et qu'un abondant filet de sang s'égoutte le long de son bras. Puis elle enleva sa main, lentement. Sylma observa la scène avec désintéressement. Puis le rire cruel retentit une seconde fois. La fillette parla encore : "Maintenant, comprends-tu un peu plus à qui tu as affaire? Je l'espère bien... Parce que je n'aime pas jouer avec des proies ignorantes..."

Pendant le silence qui suivit, Sylma prit la parole d'une voix cette fois-ci totalement inexpressive.

"Tu ne ressens aucune peur ? Très bien, très bien. De toute façon, que tu aies peur ou non ne m'intéresse absolument pas."

Elle fit une pause en regardant la main dégoulinante de sang.

"Tu as donc assez d'orgueil pour sacrifier une de tes mains pour me prouver que je ne t'inspire aucune crainte, alors que ça ne changera rien du tout. Quelle sottise !"

Elle eut un petit rire.

"D'ailleurs, je n'aime pas être considérée comme une proie."

À peine ces mots prononcés, Sylma actionna son pouvoir de rapidité, transformant chacun de ses gestes en une trainée floue. Le reste se passa dans l'espace d'une seconde à peine, si bien que Gwaennea ne vit rien de plus qu'un voile bleuté et indistinct passer devant ses yeux. Mais Sylma était déjà retournée dans le dos de la jeune fille et avait attrapé le poignet de celle-ci. Du doigt, la prêtresse effleura lentement les deux profondes entailles qui marquaient maintenant le torse de son ennemie. Elle porta son index à sa bouche et goûta le sang qui coulait à son long. Ses yeux jaunes avaient plus que jamais pris une expression féline.

"Ton sang a le petit goût salé caractéristique des proies que j'affectionne..."

Commença-t-elle à son oreille, pas plus fort qu'un chuchotement.

"... LES HÉRÉTIQUES !"

Pour la première fois pendant ce combat, Sylma avait crié. Et son cri était fort et puissant. Un groupe de corneilles s'envolèrent brusquement des fourrés de la forêt, à quelques centaines de mètres. Tout en hurlant, Sylma libéra l'enfant de son étreinte et la poussa sauvagement vers le sol. Elle suivit des yeux les oiseaux au plumage de jais passer devant la lune, toujours plus rayonnante. La prêtresse sourit, chassa la colère qui commençait à s'emparer de son esprit et reporta son attention sur son ennemie.

[Après un très long moment... XD]


Gwaennea haussa les sourcils, vaguement surprise, en sentant la lame de sa proie lui faire deux entailles. Un froid quelque peu mordant, mais les entailles n'étaient pas profondes. La nôtan n'avait donc pas vraiment voulu lui faire de mal. Non, elle avait une idée en tête. La jeune humaine décida d'attendre de voir de quoi il s'agissait.

Elle ne broncha pas lorsque le cri retenti dans ses oreilles, pas plus lorsque la nôtan la poussa par terre. En fait, elle se laissa faire, un grand sourire sur les lèvres, aucune émotion dans le coeur. Gwaennea se laissa tomber sur le dos pour regarder elle aussi la lune, fronçant les sourcils lorsqu'elle vit les oiseaux. Ils pouvaient bien partir s'ils le désiraient. Ils n'auraient pas de festin. Tant pis pour eux. Du quoi de l'oeil, elle vit la nôtant reporter son attention sur elle. Bien, Gwaennea avait une ou deux choses qu'elle souhaitait lui dire avent que le rythme de combat ne soit trop enlevé.

"Bien... Une chance pour toi que je ne soit pas assez surnoise pour t'attaquer alors que tu ne me regarde pas..."

Son sourire devint un peu ironique, alors qu'elle se souvenait de bien des attaques qu'elle avait faites. Toutes extrêment cruelles et surnoises. Mais là n'était pas le point. Elle ne bougea pas, continuant de regarder la nôtan du coin de l'oeil, allongée sur le dos. Elle aurait le temps de réagir si celle-ci l'attaquait. Après tout, elle aussi bougeait très vite et elle avait de surprenants réflexes.

"Tu sais quoi? Tu es un paradoxe... Tu dis ne pas aimer qu'on te traite en tant que proie, mais tu agit de la même façon. Tu dis ne pas ressentir de plaisir de tuer, mais c'est faux, n'est-ce pas?"

Gwaennea se rassit en s'appuyant sur sa main gauche. Elle ressentit la douleur dans tout son bras gauche et sourit. Aparemment, rien d'important n'avait été touché, même si elle n'en était pas totalement sûre. Si c'était bien le cas, la guérison ne serait pas trop longue et douleureuse. Bien que la douleur ne la dérange point.

"Je suis le Crime et tu es la Justice, c'est bien ça? Bien, bien, si tu veux... Mais n'oublie pas que la justice est souvent bien plus corrompue que le crime lui-même..."

La jeune humaine commença à jouer avec sa dague de sa main droite, en regardant la nôtan dans les yeux, son sourire froid s'agrandissant. Elle avait bien hâte de voir la réaction de la femme. Elle lui dit, tout doucement, en la vouvoyant volontairement :

"Je crois que nous nous ressemblons beaucoup plus que vous ne voulez l'avouer, très chère nôtan..."